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Boulot et transat : ces entreprises qui proposent des « forfaits télétravail » à l'étranger

Quelques semaines ou quelques mois, des entreprises acceptent que leurs salariés partent télétravailler à l'étranger. Des sortes de forfaits avec plus ou moins de règles, qui permettent aux collaborateurs de réaliser des projets tout en voyageant, sans sacrifier leurs congés.

 Des séjours télétravail pour permettre aux salariés d'allier vacances et boulot.
Des séjours télétravail pour permettre aux salariés d'allier vacances et boulot. (iStock)

Par Camille Wong

Publié le 4 mars 2022 à 12:41Mis à jour le 13 févr. 2023 à 16:19

Face à la grisaille et le froid hivernal, Florian rêvait d'une cure de vitamine D. Pour ce jeune manager de 27 ans, direction la Grèce, un mois et demi. Le tout en télétravail et en accord avec Ilek, son entreprise.

Le jeune homme et sa petite amie freelance louent d'abord un Airbnb trois semaines dans les îles grecques « pour voir la nature », puis s'établissent une semaine à Athènes, avant de repartir quelques jours pour Bruxelles sur le chemin du retour. Entre ces escales, le jeune homme enchaîne les réunions et assume du mieux qu'il peut son nouveau poste, sa promotion étant intervenue juste avant son départ.

Sur place, il mélange vie quotidienne et tourisme. Habitué au travail à distance puisqu'en temps normal, il télétravaille depuis Hossegor (Landes), il pianote sur son ordinateur à la fois dans son logement de vacances, dans les cafés et les espaces de coworking qu'il trouve sur place.

« Changer d'air »

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Depuis le premier confinement, en 2020, le télétravail est dans l'ADN de son employeur, une start-up dans l'énergie verte. Les salariés habitent un peu partout dans l'Hexagone. Le siège social à Toulouse ne compte plus qu'une vingtaine de personnes sur 130. Et la demande de télétravailler depuis l'étranger monte de plus en plus en interne.

Fin 2021, l'entreprise adopte la mesure et fixe les règles : le pays doit se situer dans l'Union européenne ou dans les Outre-mer, le séjour ne doit pas durer plus de deux mois par année et le salarié prévenir au moins un mois à l'avance, surtout pour des questions administratives.

« Les salariés ont envie de changer d'air », commente Pénélope Cadoret, la DRH, qui y voit des avantages pour recruter (90 profils cette année) et de fidéliser les salariés. Au total, quatre personnes sont déjà parties (Martinique, Grèce, Portugal), trois sont en Martinique, et trois, dont Florian, ont émis la demande de s'envoler vers la Croatie au mois d'avril.

A presque 2.000 kilomètres des Balkans, c'est à Majorque qu'était partie durant trois mois, une jeune commerciale de Mozoo group, une entreprise du secteur de la publicité, partie s'installer dans une coloc avec d'autres jeunes. « Elle faisait ses réunions avec le client en visio, le reste du temps, elle travaillait au bord de la piscine », raconte Mathieu Rostamkolaei, le CEO.

Nouvelle-Zélande, Mexique, Île Maurice…

Pour ce patron, qui pratique déjà la semaine de 4 jours, l'essentiel repose sur la « confiance ». A date, trois personnes, soit 10 % des effectifs de l'entreprise sont partis à l'étranger. Ici, pas de règles précises édictées, à part que chacun doit passer au moins 7 à 8 mois de l'année à Paris, ville du siège social. Le chef d'entreprise dit n'avoir pas pris de dispositions particulières ni réalisé d'avenant au contrat de travail des salariés.

C'est sur ce créneau que s'insère la jeune pousse Holiworking, lancée l'année dernière. Elle accompagne les salariés qui veulent télétravailler à l'étranger durant six ou douze mois. Paperasse, visa, accompagnement pour trouver un logement et même un coach sur place, elle propose huit destinations « de rêve » comme la Nouvelle-Zélande, Bali, le Mexique, l'Île Maurice, le Costa Rica, la Thaïlande…

L'entreprise se rémunère notamment en prélevant 10 % du salaire du client. Un coût amorti, argumente le fondateur, par le gain de pouvoir d'achat des salariés une fois dans le pays choisi. Sans surprise, ce sont surtout des entreprises dans la tech et les services qui font appel à lui, comme Masteos (start-up), Visamundi (agence) ou Velvet consulting (conseil). 70 dossiers sont déjà en cours pour cette année.

Gérer le décalage horaire

Une tendance marginale ? Pas pour Gaël Brisson, le fondateur d'Holiworking qui vient de lever un million d'euros. « Le marché des digital nomades double tous les ans. Il a trois ans, quand on a démarré, aucun pays ne disposait d'un visa télétravail . Aujourd'hui, ils sont plus de 25 à accueillir les télétravailleurs. »

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Le chef d'entreprise réfléchit à ouvrir de nouvelles destinations, comme le Canada mais les six heures de décalage entre Paris et Ottawa peuvent être un frein. « Certains salariés doivent travailler en synchronie avec le reste de l'entreprise. Tout dépend du job », poursuit-il. Pour Rebecca de chez Ilek qui est partie un mois en Martinique, les six heures de décalage n'ont pas été un problème. « Je me levais tôt et j'avais souvent l'après-midi de libre. Ce n'était pas si compliqué », témoigne-t-elle.

Reste d'autres freins à lever : le coût éventuel d'un double logement, entre le lieu de résidence en France et celui en télétravail, ou encore la nécessité d'avoir une bonne connexion internet, ce qui empêche de pouvoir travailler dans des zones trop reculées.

Camille Wong

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