Les destinations traditionnellement associées aux vacances peuvent aussi devenir des lieux de télétravail. Avec la pandémie, de nombreux indépendants ont choisi de poser leur ordinateur dans un cadre idyllique. Mais pour les salariés, il est parfois plus compliqué de se muer en nomade numérique.

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« Pour avoir vécu à l’étranger et beaucoup voyagé, je suis convaincu que ces expériences font grandir et développent des compétences utiles en entreprise, assure Gäel Brisson, président d’une société d’informatique au Mans (Sarthe) et fondateur de la start-up Holiworking à Nantes (Loire-Atlantique). J’ai donc cherché une solution pour permettre à des salariés de partir à l’étranger sans rompre avec leur mission professionnelle en France. »

Du Gers à la Thaïlande

L’un de ses collaborateurs, qui travaillait déjà à distance depuis le Gers, a bouclé ses valises en septembre dernier. Avec sa femme et leurs deux enfants, ils se sont installés pour six mois en Thaïlande, dans une maison avec piscine proche de la plage. « Malgré mon travail à temps plein, nous avons une vie de carte postale : soleil, baignade, restaurants, confie Arnaud Aujon Chevallier, administrateur système. Nos enfants rencontrent des enfants du monde entier, améliorent leur anglais et découvrent le thaï. Leur vision du monde s’est élargie… »

Cette possibilité concerne les salariés des secteurs qui pratiquent facilement le travail à distance : informatique, communication, finance, marketing… « Cela représente 5 millions de personnes », calcule Gaël Brisson, qui identifie trois profils potentiels : les parents de jeunes enfants comme Arnaud Aujon Chevallier ; les moins de 35 ans amateurs de voyages ; et les salariés en fin de carrière, dont les enfants viennent de quitter le nid. « Jusqu’à présent, les seules solutions étaient l’expatriation ou la prise de congés », poursuit Gaël Brisson.

Solution clés en mains

Holiworking propose une solution clés en mains – visas, formalités administratives, assurances, recherche d’un logement et d’un espace de coworking – moyennant une part du salaire net de 10 % en moyenne, prélevée chaque mois le temps que dure le séjour. La start-up se rémunère également en prélevant le différentiel de cotisations sociales entre pays de départ et pays d’accueil. L’employeur, lui, n’a aucun surcoût.

« On veut montrer que c’est un atout pour l’entreprise, car le salarié devient son ambassadeur, souligne Gaël Brisson. C’est aussi un moyen de fidéliser les talents dans des secteurs en tension. »

Vers cent départs en 2022

Le décalage horaire peut même avoir des avantages. « Cela me permet d’assurer les astreintes nocturnes, indique Arnaud Aujon Chevallier. Avoir une partie de ma journée en décalé me permet d’être plus concentré sur mon travail et pour nos réunions, nous avons un créneau en commun assez grand pour échanger en direct… »

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Lancée en pleine crise sanitaire, en août 2020, la société se donne pour objectif d’accompagner cent départs à l’étranger en 2022. Pour l’heure, sept destinations sont ouvertes (dont la Thaïlande, l’Afrique du Sud, le Cap Vert, l’Indonésie, Bali, le Mexique). « De nombreuses frontières sont encore fermées mais on espère bientôt proposer des départs pour la Nouvelle-Zélande ou le Canada », poursuit Gaël Brisson.

« C’est vraiment l’opportunité d’avoir la belle vie sans tout plaquer, commente Arnaud Aujon Chevallier. Le conseil que je donnerais, c’est d’oser partir. Puis d’en profiter à fond. »